Description
« C’était ainsi que l’imagination le suivait en toute
confiance : il faisait tout ce qui pouvait être fait à l’époque
(telle était sa note la plus moderne), mais accomplissait les
nuances les plus fines de ces actes bénis avec une ponctualité
poétique qui n’avait d’égale que sa sincérité sociale. » (Préface
de Henry James.)
Le regard énamouré du vieil Henry James, dans cette
préface, tout dernier texte de l’écrivain américain, s’attache à
suivre la trajectoire du jeune et brillant poète anglais, doué
de tous les dons, qu’il s’apprête à rejoindre dans la tombe.
Du 22 mai 1913 au 6 juin 1914, Rupert Brooke voyage aux
Amériques, d’où il fait suivre, pour la Westminster Gazette,
une série d’articles-reportages, qui seront publiés à titre
posthume, dès 1916, avec la préface de James. Brooke pose
sur les lieux, les peuples et les coutumes qui s’offrent à lui
un regard pénétrant, tendre, d’où transparaît la fascination
exercée par le Nouveau Monde sur un jeune représentant de la
Vieille Angleterre. Ses facultés poétiques trouvent pleinement
à s’employer dans les nouveautés du voyage : gratte-ciel de
New York, grandes plaines du Canada, chutes du Niagara…
Cette imagination échevelée, cette expérience d’une terre
neuve, vierge de mythes à peupler, n’empêchent pas le jeune
socialiste idéaliste qu’il est, proche des idées des « Fabiens »,
de s’exercer à saisir les contradictions d’une jeune république
pleine de vitalité, d’avenir, mais où déjà le dollar et la division
des classes règnent en maîtres.