Manifeste !
Nouvelles venues dans le paysage français, mais porteuses du riche héritage et de l’expérience des aventures éditoriales progressistes et critiques de la seconde moitié du xxe siècle (des Éditeurs Français Réunis au Temps des Cerises originel, en passant par Maspero), les éditions Manifeste ! entendent donner voix et voie aux écrivains d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs, qui refusent la fatalité du modèle libéral qui nous est imposé et lui opposent le rêve concret d’un monde plus juste.
Créées en 2021 par un groupe d’écrivains et de poètes au-delà des chapelles littéraires et politiques, les éditions Manifeste !…
PP
ARAGON journaliste
année 1935
Édition chronologique des articles et textes d’Aragon publiés dans l’année 1935.
Textes et articles de
L’Humanité
Commune
Monde
L’Œuvre
Vendredi
Europe
François Albéra :
« Manouchian, Aragon et les derviches tourneurs »
Groupe d'Etudes du Matérialisme Rationnel - sous la direction d'Yves Vargas
Pauvre philosophie ?
Les philosophes face
à la pauvreté
« Il semble, à lire la plupart des penseurs, écrivains ou philosophes, que pauvre et pauvreté se mêlent, se recouvrent, et plus précisément, que l’attention théorique ou littéraire portée aux pauvres soit un écran qui dissimule la question de la pauvreté. […] Mais cette chosification est rarement présentée en ces termes : l’idéologie nouvelle endosse les vieux habits spirituels et justifie sa brutalité en termes de morale, de nature et de droits. Pour cela il lui faut négliger la pauvreté massive pour se focaliser sur la figure singulière du pauvre, son identité psychique, ses vices, sa vie répugnante, l’état piteux de ses enfants négligés… Cette figure individuelle est le support de l’opération qui condamne sa « paresse », voire sa malhonnêteté. »
Extrait de l’introduction d’Yves Vargas et de Norbert Lenoir
Eric Le Lann
Préface de Florian Gulli
Communisme, un chemin pour l'avenir
« Il n’y aura pas de perspective nouvelle qui ne s’inscrive dans une certaine continuité avec le passé. C’est le parti pris lucide d’Éric Le Lann. La gauche en général, les communistes en particulier, doivent apprendre à hériter de leur histoire, ce qui ne veut pas dire la justifier ou en faire l’apologie.
Hériter, ce n’est pas répéter, car le passé n’est pas un dépôt sacré. On choisit la part que l’on veut prolonger et celle qu’on laissera mourir. Cette part que l’on reçoit ne consiste pas en des doctrines toutes faites, figées dans le marbre des textes, dans le réel d’institutions passées qu’il faudrait reprendre au présent. Nous héritons d’esquisses, de possibles, que des hommes d’une autre époque ont tenté d’incarner.
Le livre d’Éric Le Lann attire aussi notre attention sur des formes de gouvernements, sur des pouvoirs, sur des institutions » (…)
Extrait de la préface de Florian Gulli.
Nâzim Hikmet
Poèmes de prison
« Qui touche à ce livre touche un homme », disait le grand poète américain Walt Whitman parlant de son recueil, Leaves of Grass (Feuilles d’herbes). On pourrait dire cela de presque tous les livres, tous les poèmes du Turc Nâzim Hikmet, tant ses vers palpitent du rythme de ses jours, de ses émotions, ses pensées, ses réactions aux événements du monde. Ils ont la force, la plénitude, l’authenticité de la vie, dans ses joies et ses peines, ses douleurs et ses espérances. Bien qu’il entre beaucoup d’art dans cette simplicité de Nâzim et qu’il ait, tout au long de sa vie, mené une réflexion approfondie et exigeante sur la poésie, la littérature, la vie, la société.
Mais la vie du grand poète turc de la fraternité humaine n’est pas une vie banale. […] Le volume que vous tenez entre les mains présente un choix des poèmes de prison. En vérité, une grande partie de son œuvre a été écrite en prison où il a passé au total près de seize ans. […] Arrêté en 1938, Nâzim Hikmet avait été accusé de vouloir par ses poèmes entraîner l’armée dans ses visées subversives !
Extrait de la préface de Francis Combes
Postface, choix et traduction des poèmes, dont la plupart inédits en français, par Claire Lajus. Préface de Francis Combes
Franck Delorieux
Feuille après feuille,
« Je me suis promené dans un bois planté de chênes qui ont survécu à bien des générations. Le temps les aime. Chaque arbre cache un dieu qu’il protège de son tronc et de sa ramure. Le vent qui valse avec les branches et le feuillage produit un chant divin. Il faut tendre l’oreille pour écouter la musique des arbres. Ils parlent à tous, du moins à ceux dont le corps, le cœur
et l’esprit s’ouvrent à l’écorce, aux feuilles et à la sève. Combien de dieux ai-je priés ? À combien de dieux ai-je offert des sacrifices ? J’ai allumé tant de bûchers pour des holocaustes que des forêts se sont retrouvées nues comme des déserts de sable. Je me suis brûlé aux autels ardents et ma peau a fumé des volutes de laurier. »
Algernon Charles Swinburne
Atalante à Calydon
Traduction de Jean Pavans.
Préface de Marc Porée.
« S’il n’a certes pas la puissance du “rire de la Méduse”, tel qu’analysé par Hélène Cixous, dans un texte resté célèbre de 1975, qui lança, en France, la seconde vague du féminisme, le rire discret d’Atalante n’en est pas moins éloquent. Il dit quelque chose du bonheur qu’il y a à se savoir libre de ne pas cultiver les “passions tristes” et de ne pas attacher d’importance à ce qui, au fond, en a si peu : la virilité, dont les oncles de Méléagre craignent le délitement, si Atalante était venue à terrasser, à elle seule, le monstre à front bas. Libre de prendre les choses à la
légère, en faisant montre d’un détachement dont s’avèrent incapables ses frères d’armes, la fine fleur de la jeunesse grecque. Libre, enfin, de ne pas subir les assignations à résidence génériques, celles qui vous enjoignent de vous cantonner aux fonctions traditionnellement reconnues à la femme et à la mère. […] Un élixir de jouvence, donc, à boire sans modération, si l’on veut être au rendez-vous de l’ivresse. »
Génération Manifeste
« La parole que libèrent ces nouveaux poètes, vous le verrez, plus qu’un souffle, est une parole engagée dotée d’un pouvoir de déflagration inédit capable de ruiner et d’adouber le réel et son double dans le même mouvement. Nous y découvrons çà et là la force d’un langage ciselé, musclé, ironique, satirique, parfois désenchanté mais toujours beau et consolant. Tantôt nous sommes saisis par des poèmes qui mordent la poussière et le sang, tantôt nous voici happés par des textes fous et érotiques quand la quête des plaisirs se met aussi à nu pour dire “l’autre monde”, ce qui donne à cette anthologie une variété de ton et donc une saveur tout à fait remarquable. »
Extrait de la préface de Fabien Mellado
Cette anthologie regroupe des poèmes de : Grégory Rateau, Antoine Geniaut, Victoria Gerontasiou, Mathilde Groselle, Paul Roussy, Mila Tisserant, Carine Valette, Aurélie Muller et Meriem Selmani.
Louise Guillemot
Nues
« Une nue, une nuage descend sur terre pour s’incarner en femme. C’est vers la Grèce que le vent la porte, ce pays où des hommes ont imaginé que les Idées voguaient dans le ciel, comme des nues…
La nue vivra douze vies de femmes grecques, entre fiction et réel : trois mythes, trois corps, trois esprits, trois œuvres. Leurs vies de fantôme ou de magicienne, de philosophe, de peintre ou de poétesse s’enfantent les unes les autres comme les différents états du cycle de l’eau et racontent autrement l’origine de la pensée abstraite.
Louise Guillemot, par sa prose poétique, redonne voix, geste et idée à ces oubliées de l’Histoire, de la reine Néphélé à Corinne, rivale de Pindare, en passant par Hélène et son double perdu, Agnodice, femme médecin, ou Hydna, plongeuse qui en un souffle détruisit la flotte perse. »
Préface de Jean Ristat
Couverture d’après une oeuvre de
Bernard Moninot
« J’entends dans ses écrits une voix à nulle autre pareille, un ton qui lui appartient en propre et signe son chant : “Je donne de la voix à ce qui n’a bouche / Ni langage Ni corps Le vent L’air / À ce qu’on dit transparent / Ce qui vient mourir en fin de vers / Ce que le papier recèle et cache en sa blancheur / Filigrane des cœurs / Tissé dans ma poitrine.” […] Victor Blanc est un nouveau piéton de Paris, enlaçant « le torse des rues », par exemple, « sous le ciel de Pigalle », traînant « au soir / De bar en bar en quête De boissons rares ». Il partage avec Aragon, « le vieux Louis des nuits bachiques », le goût des errances nocturnes où le rêve a la beauté lugubre de la Seine. »
Extrait de la préface de Jean Ristat
Paul Eluard
Poèmes pour tous
« Paul Éluard a écrit des milliers de vers. Ce livre, qui groupe cent vingt poèmes seulement, ne le trahit cependant pas. Bien au contraire, en lui s’affirme le sens le plus profond de la poésie. Car les Poèmes pour tous marquent, dans l’œuvre du grand poète, à la fois la continuité sans faille et l’approfondissement, la clairvoyance chaque jour plus haute de sa révolte contre l’injustice, la sottise, l’erreur, la guerre, la misère. De 1917 à 1952, il n’est ainsi pas un poème de ce livre – comme il n’en est sans doute pas un dans toute l’œuvre d’Éluard – qui ne soit, sous les apparences parfois de l’obscurité ou de l’expérimentation poétique, un pas en avant dans la conquête de cette “vérité pratique” dont Paul Éluard réaffirme, après Lautréamont, qu’elle est le but de la poésie. »
Extrait de la préface de Jean Marcenac
John Berger Selçuk Demirel
Quelle heure est-il ?
« En 1972, dans un essai sur Fernand Léger, peintre français qui lui était très cher, John Berger écrit que chaque artiste a un “sujet continu”, un thème constant qui traverse tout son travail. Eh bien, en travaillant sur la sélection des textes que vous trouverez dans ce livre, je me suis convaincue que le sujet constant de John, son leitmotiv, est précisément le temps, décliné de multiples façons, aussi variées que vous pouvez le faire avec un thème musical.
La même chose peut être dite de Demirel, qui presque partout dans ses dessins parle de mutations, métamorphoses, renversements, de ce devenir incessant qui est l’existence.
Et l’existence, pour John comme pour Selçuk, n’est pas une prérogative des êtres humains. La nature et les choses sont existantes, les oeuvres d’art comme les objets d’usage » quotidien, les chats, les arbres, les cuillères…
Giovanna Procacci, Fulvio Vassallo Paleologo et Domenico Rizzuti.
Le Procès de la solidarité – La justice et l’affaire de Riace
1998 : un groupe de 250 Kurdes échoue sur la plage de Riace, petit village de Calabre laissé quasiment à l’abandon par l’exode rural. Les maisons sont en ruines, l’école fermée et la région est soumise à la plus dure des mafias : la ’Ndrangheta. Les habitants de Riace portent secours à ces nouveaux venus. Le “modèle Riace” devient alors un exemple mondialement reconnu… Mais en 2017, le décret ministériel Minniti sur l’immigration tombe comme un couperet et les problèmes s’accumulent. Mimmo Lucano, le maire du village, est arrêté, déchu de ses fonctions, assigné à résidence puis interdit de séjour pendant onze mois.
La Cour de révision, le Conseil d’État et la Cour de Cassation l’absolvent de tout reproche, il revient au village libre mais un nouveau procès qui se déroule à Locri…
Maram al-Masri
La Poésie des femmes kurdes, une anthologie
Le monde entier a découvert le rôle essentiel que les femmes kurdes ont joué dans le combat contre Daech. On sait (encore trop peu) la place qu’elles prennent dans l’action pour une société démocratique, respectueuse de l’égalité, de la diversité des opinions et des croyances. Souvent, les femmes kurdes sont représentées comme des combattantes en armes et portant l’uniforme.
Par ce choix de poèmes, Maram al-Masri a voulu montrer qu’elles étaient aussi des combattantes des mots, pour la dignité, la liberté, la paix, le droit de vivre sur sa terre et d’être reconnue dans son identité, sa personnalité.
Lord Byron
Le Pèlerinage de Childe Harold
La republication, en 2022, du Childe Harold de Byron, dans une nouvelle traduction, pourrait sembler une gageure, si elle n’était plus que jamais nécessaire. Premier ouvrage du génial poète anglais Lord Byron, qui le rendit « immédiatement célèbre » à travers toute l’Europe, Childe Harold a fourni un archétype du héros romantique à des générations de poètes européens, comme Lamartine, qui en écrivit une suite, Pouchkine, qui s’en inspira pour son Onéguine, et plus récemment Jean Ristat, dans Lord B, ou Tom Buron, avec son Marquis Minuit.
préfacé et annoté par l’auteur
Adaptation, en français et note du traducteur Jean Pavans, Présentation Franck Delorieux
Alain Guinot
Georges Séguy : Le choix de l'audace
S’appuyant sur sa propre expérience de dirigeant confédéral, Alain Guinot retrace l’apport au mouvement social de Georges Séguy, grande figure de la CGT. Il met en lumière la modernité de la pensée et de l’action de celui qui sut, à plusieurs reprises – notamment en mai 1968 et lors du 40e Congrès de la confédération en 1978 – faire des choix audacieux. Sans rien cacher des obstacles rencontrés pour la mise en œuvre d’un véritable aggiornamento du syndicat. Si l’histoire ne fournit pas de recettes toutes faites, elle livre de précieux enseignements pour relever les défis existentiels posés aujourd’hui au syndicalisme. Alain Guinot s’en nourrit pour proposer des pistes pour un « renouveau syndical ».
« La conception du syndicalisme et de la CGT que portait Georges a été pour moi, et demeure encore, une source précieuse d’inspiration. Puisse le livre d’Alain Guinot contribuer à informer les militants d’aujourd’hui qui ont la responsabilité de construire l’avenir ».
Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT de 1999 à 2013. construire l’avenir ».
Jean Ristat
Aragon, l'homme au gant
suivi de
Impair et passe
Entretien inédit avec Olivier Barbarant sur le dernier Aragon
Les éditions Manifeste ! republient Aragon, l’homme au gant. Témoignage crucial pour comprendre le grand poète, essai biographique critique de poète à poète, retour sur une amitié exceptionnelle autant qu’étrange, dont un tableau du Titien tient peut-être les fils…
Cette republication s’accompagne d’Impair et passe, édité pour la première fois : la dernière prise de parole en public (2019) de Jean Ristat sur le dernier Aragon, (dont il a été dit tant de bêtises !) et la relation féconde en créations qu’ils ont tous deux nouée.
Il s’agit ici de parler moins de l’homme que de son œuvre, en l’inscrivant dans une société, un temps, des lieux, des institutions, des courants de pensée pour mieux comprendre l’engagement scientifique et politique de Henri Wallon et l’actualité de son œuvre pour les sciences humaines et sociales d’aujourd’hui.
Henri Wallon
Henri Wallon dans La Pensée
Textes présentés par :
Régis Ouvrier-Bonnaz
Jean-Yves Rochex et Stéphane Bonnéry
L’œuvre d’Henri Wallon, trop méconnue malgré le renom de son auteur, demeure d’un intérêt et d’une fécondité majeurs la psychologie et pour l’ensemble des sciences humaines et sociales. Définissant le psychisme et son développement comme se produisant à l’articulation et dans la contradiction entre le biologique et le social, cette œuvre est un exemple très riche de dialogue exigeant entre la psychologie et les autres disciplines (philosophie, biologie, sociologie…), et déploie une pensée qui va à l’encontre de tous les réductionnismes aujourd’hui dominants. (…)
Dans cet ouvrage sont présentés et commentés six articles parmi les vingt-et-un textes que Henri Wallon a publiés dans La Pensée de 1939 à 1960. (…)
Lu Ji
Wen Fu Essai sur la littérature
À travers le Wen Fu, petit traité sur la littérature, Lu Ji (261-303) adresse aux poètes à venir une série de conseils et de recommandations, tout en légèreté, dont la beauté traverse les âges. Illustration par l’exemple qui apporte une preuve, s’il en fallait, de la perspicacité du poète et du caractère intemporel de l’essence poétique.
Car, sinon la poésie, que peut-il y avoir de commun entre un poète de l’Antiquité chinoise, Lu Ji, et un poète américain proche de la Beat generation, Sam Hamill (1943- 2018), son traducteur, son frère ? La poésie, bien sûr, et « une conception rigoureuse du rôle fondateur, politique et moral du travail poétique ».
C’est à cette rencontre extraordinaire que nous convie Alexis Bernaut, auteur de la traduction française, qui commente :
« Telle est la poésie, telle est l’histoire de la littérature à travers siècles et continents : une hache dont on a maintes fois changé tête et manche mais dont l’essence demeure. »
Alain Ruscio
Aragon & la question coloniale
C’est l’indignation anticoloniale ressentie au moment de la guerre du Rif qui amène le jeune écrivain surréaliste, Louis Aragon, à adhérer au PCF. Cet engagement se poursuivra tout le long de sa vie, comme un fil conducteur que l’on retrouve aussi bien dans ses actions et prises de position politique que dans son œuvre poétique et romanesque.
Alain Ruscio s’attache ici à suivre la trajectoire anticoloniale du poète, dans ses moments de gloire comme dans ses hésitations. Une trajectoire qui recouvre celle de son parti, sans pourtant s’y identifier totalement.
Alain Prigent
Madeleine Marzin
« Madeleine Marzin, née au début du siècle dernier, commence sa carrière d’institutrice dans le Trégor au nord-ouest des Côtes d’Armor. Militante syndicaliste et communiste, elle organise pendant l’Occupation la mobilisation des femmes contre la vie chère. Sa participation, dans ce cadre, à une action rue de Buci en 1942, se termine tragiquement et lui vaut d’être arrêtée puis condamnée à mort. Elle réussit à s’évader.
Élue députée dans les quartiers populaires de la capitale après-guerre, c’est alors une élue reconnue et respectée défendant avec passion le droit des milieux les plus modestes au logement, à l’éducation et à la culture…
En retraçant l’itinéraire exceptionnel de Madeleine Marzin, Alain Prigent rend ici hommage à toutes ces femmes qui jouèrent un rôle si essentiel dans la Résistance…
Renato Leduc - Leonora Carrington
XV fabliaux d’animaux, d’enfants et d’épouvante
préface de José Luis Martinez-Salazar. Traduit par Cathy Fourez et Jean Portante
Renato Leduc, reprenant la tradition mexicaine des fables et fabliaux, la détourne ici pour en offrir une version à son image : fantasque, ironique et grivoise, dans une veine libertaire (voire libertine) que n’auraient pas reniée ses amis surréalistes. Morts d’el día de los muertos, cocus, girafes, coyotes ou berceuses se succèdent dans une frénésie joyeuse dont les dessins de Leonora Carrington, réalisés expressément pour le livre, redoublent la farandole dans un rouge-sang cruel. Résultats d’une rencontre, d’un amour entre deux créateurs singuliers du vingtième siècle, ces quinze fabliaux illustrés sont une curiosité à lire avec délectation.
Julien Blaine
Proz’ & Po ̈m
C’est avec toujours autant d’humour, qui n’exclut pas un certain sens du tragique, que Julien Blaine poursuit sans relâche ses obsessions et sa quête poétique d’une parole des origines, libérée du joug tyrannique des monothéismes, d’où son intérêt pour l’art et les cultures paléolithiques ou chamaniques. Comme de juste, chez Julien Blaine et dans un certain nombre d’auteurs d’avant-garde, le livre est autant l’accomplissement que la recherche en elle-même, l’aventure d’un corps qui se jette dans la poésie. D’où cette question qui surgit à l’entrée de la vieillesse : que faire lorsque le corps d’éternelle jeunesse de l’avant-garde a vieilli ?
Rupert Brooke
Lettres d’Amérique
préface de Henry James. Traduit et présenté par Jean Pavans
Du 22 mai 1913 au 6 juin 1914, Rupert Brooke voyage aux Amériques, d’où il fait suivre, pour la Westminster Gazette, une série d’articles-reportages, qui seront publiés à titre posthume, dès 1916, avec la préface de James. Brooke pose sur les lieux, les peuples et les coutumes qui s’offrent à lui un regard pénétrant, tendre, d’où transparaît la fascination exercée par le Nouveau Monde sur un jeune représentant de la Vieille Angleterre. Ses facultés poétiques trouvent pleinement à s’employer dans les nouveautés du voyage : gratte-ciel de New York, grandes plaines du Canada, chutes du Niagara…
Collectif
Terre d’humanité.
Un chœur pour Mimmo
Domenico Mimmo Lucano est l’ancien maire de Riace, un village de Calabre, condamné le 30 septembre 2021 à 13 ans de prison pour devoir de solidarité. La cause ? Avoir accueilli 200 naufragés kurdes puis avoir fait revivre son village avec la participation des réfugiés. À l’énoncé du jugement, Mimmo a ressenti chaque année du verdict comme une balle dans son coeur. Il s’est pourvu en cassation.[…]
Le collectif « Liberté pour Mimmo » s’est saisi de ce combat. Écrivains, poètes et artistes visuels ont décidé de donner de la voix pour soutenir Mimmo et poursuivre son combat. Avec les maisons d’édition Le Merle moqueur
/ Manifeste!, et en partenariat avec Médiapart, ce livre a été pensé comme un livre de combat. Les artistes qui y participent renouent avec l’héritage de la littérature engagée du xxe siècle : lier les luttes, l’imaginaire et l’art.
Pier Paolo Pasolini
Descriptions de descriptions
Traduction : René de Ceccatty
Aussi bien « encyclopédie personnelle de la
littérature » que « laboratoire de création », Descriptions de descriptions est un livre unique dans l’œuvre de Pasolini car il se positionne en son plein cœur. Se trouvent ici non seulement exposés les vues de Pasolini sur un pan considérable de la littérature mondiale de toute époque (aussi bien Pétrarque, Manzoni, Moravia, Italo Calvino, Elsa Morrante, que Balzac, Flaubert, Dostoïevski, Ezra Pound ou Joseph
Roth, la liste continue…) mais aussi le décor intellectuel et sensible dans lequel voient le jour les propres œuvres de Pasolini en gestation, comme Les Mille et Une Nuits, Salò ou Pétrole.
Paru initialement en français chez Rivage en 1984, Descriptions de descriptions reparaît aux éditions Manifeste !, à l’occasion du centenaire de la naissance de Pasolini, avec le même traducteur et augmenté de plus d’un tiers d’inédits.
Vítězslav Nezval
Prague aux doigts de pluie
traduction de François Kérel
Poète, dramaturge, essayiste, romancier, journaliste, Vítězslav Nezval (1900-1958) est l’un des plus grands poètes tchèques du XXe
siècle.
Il fut l’un des principaux initiateurs du mouvement littéraire et artistique tchèque appelé « poétisme ». Ce mouvement (influencé d’un côté par Apollinaire et de
l’autre par le futurisme russe de Maïakovski) prônait un art nouveau, capable de transcrire le merveilleux moderne.
Il défendait un art de la vie, dans ses changements, un art à la fois réaliste, populaire, et d’une réjouissante fantaisie.
Pour les poétistes la poésie est l’expression même de la faculté humaine essentielle : la liberté d’imaginer, de créer
et d’inventer.
Son recueil le plus célèbre, Prague aux doigts de pluie (1936), issu de la période surréaliste, est donné ici pour la première fois dans son intégralité en français, traduit par François Kérel, qui a bien connu Nezval…
Jack Hirschman
Planétariat, salut !
Jack Hirschman est né à New York en 1933 et est mort à San Francisco en 2021.
Il fut l’ami de poètes de la Beat Generation, comme Lawrence Ferlinghetti, dont il partage le refus de la guerre et le rejet du
capitalisme américain ; mais son parcours est différent.
Sa poésie est à la fois révolutionnaire par ses thèmes et par sa forme. Il fut aux côtés des sans logis, des immigrés, des Noirs, des Latinos, des femmes en lutte… Et sa parole poétique, qui ne recule ni devant le métissage ni devant les néologismes, transfigure
l’idiome américain.
Marxiste, il était aussi un passionné de la Kabbale ou l’un des traducteurs d’Antonin Artaud en américain.
Aït Djafer…)
Francis Combes
La face cachée de la lune
La Face cachée de la Lune » réunit trois grands poèmes dialogués qui pourraient servir de livrets d’opéras et d’arguments pour ballets.
Dans le premier, « La Face cachée de la Lune », Francis Combes s’inspire des aventures et des conflits professionnels de l’auteur pour, les transfigurant, en tirer un sens plus général : l’opposition, dans notre société, du droit des producteurs (ou des créateurs) à celui des actionnaires, du pouvoir de la culture au pouvoir de l’argent. Il le fait avec un enjouement et une fantaisie qui trahissent l’influence qu’ont eue sur lui les poètes futuristes(en particulier Maïakovski qu’il traduit en français).
« L’aube des chiens », écrit à la demande du compositeur Michel Meynaut, est un opéra-rock : un jeune délinquant se retrouve aux prises avec le système policier et judiciaire.
Serge Fauchereau Gravures de José Abad et Hervé Télémaque
De la main gauche
La collection du célèbre journal Les Lettres françaises s’installe aux éditions Manifeste ! et, pour ouvrir le bal, Serge Fauchereau nous propose un recueil de textes littéraires personnels, un exercice auquel il s’est trop rarement livré, rassemblés par son ami, le défunt poète Mathieu Bénézet. Alors que la main droite assure les activités professionnelles de l’auteur, la critique d’art, l’histoire de la littérature, ces écrits « de la main gauche », datés ou non, semblent avoir vu le jour entre deux portes, entre deux voyages et assument volontiers le décalage qu’ils offrent à la lecture.
Décalage vis-à-vis de de l’époque, de la marche du monde, de la vie publique de l’auteur, comme dans la « Danse Mabraque », danse macabre du nouveau millénaire.
John Berger -Illustré par Selçuk Demirel
Fumée
Le livre de John Berger retrace la relation de l’auteur et de la société au tabagisme. Il souligne poétiquement les contradictions des campagnes de lutte antitabac, qui culpabilisent l’individu, par exemple, et oublient de parler de la fumée des usines…
Les dessins de Selçuk Demirel répondent à ces questionnements par une floraison de fumées évoquant des « phylactères », ces bulles de paroles utilisées autant dans la peinture du XVIIe siècle que dans les bandes dessinées modernes. L’aspect contemplatif et mélancolique des dessins de Selçuk Demirel met l’homme face à la nature et à l’industrie. On ressort de ce livre avec une nouvelle perspective face à une problématique sociétale qui divise encore aujourd’hui l’opinion publique.
Franck Delorieux
Roger Vailland Libertinage et lutte de classes
En bon libertin, en libertin moderne, la posture de Roger Vailland est profondément éthique. Sagesse antique d’un homme qui achève sa vie par ces paroles à Elisabeth : « Mon amour, quel bonheur. Comme je suis heureux. » .
En bon libertin, en libertin moderne, la posture de Roger Vailland est profondément politique. Goût et sens du bonheur, goût et sens du plaisir, Roger Vailland avait bien raison d’affirmer qu’ il n’est plus qu’un scandale possible, même en matière littéraire, c’est d’être communiste.
Épuisé depuis plusieurs années, le recueil d’essais de Franck Delorieux sur la vie et l’œuvre de cet écrivain si singulier qu’est Roger Vailland (1907-1965), paru initialement en 2008, reparaît ici dans une version corrigée et augmentée de plus d’un tiers…
Composé et présenté par
Patricia Latour
Florilège de poèmes pour les enfants
Elsa Triolet — Raymond Peynet
Dessins animés
Pour la première fois réédité depuis sa publication originale en 1947, ce petit bijou d’écriture et de dessin porte la signature de deux artistes singuliers du xxe siècle : Elsa Triolet et Raymond Peynet. Imaginé par Elsa comme un conte merveilleux aux allures de « dessin animé », l’ouvrage est contemporain du Cycle d’Anne-Marie (Personne ne m’aime, 1946 et Les Fantômes armés, 1947) et donc porteur des mêmes obsessions, des mêmes angoisses. À y regarder et lire de plus près, tous ces décors colorés, enfantins, et cette écriture féérique cachent un envers plus sombre : le paysage d’une France et d’un monde décimés par la guerre et le fascisme, où la narratrice, en laquelle on reconnaît l’autrice, est entraînée dans une fuite en avant onirique et angoissée qui finit toujours, comme dans un cartoon, par une chute, ici douloureuse, moins tragique peut-être, que douce-amère.
Serafina Núñez
La nuit dans les braises
Pour la première fois, la voix de la poétesse cubaine Serafina Núñez est offerte au public français, non dans son intégralité, mais dans ce qui fut sa durée, sa permanence, malgré les aléas de l’histoire et des modes littéraires. Cette anthologie suit donc, du premier recueil, Mer captive (1937) au dernier, Terre de transparence secrète (2004), une destinée peu commune, méconnue, mais saluée par les plus grands écrivains et poètes latino-américains.
Poétesse lyrique, sans doute ; Serafina Núñez chante la nature, l’amour, l’absence, les tragédies de l’histoire, mais aussi sa ville, La Havane, avec une touche de sensualité.
Anthologie poétique composée, traduite et présentée par Victor Blanc
Valérie Gonçalvès - Éric Le Lann
Énergie et communisme. Une vision d’avenir
À l’échelle mondiale comme à celle de notre pays, les choix en matière d’énergie conditionnent pour beaucoup notre avenir, et sont de plus en plus au cœur des débats politiques. Qu’il s’agisse du droit à l’énergie, des enjeux climatiques, de la politique énergétique, du bilan de la déréglementation et de la privatisation dans ce secteur et du service public, Valérie Gonçalvès et Eric Le Lann donnent ici un point de vue communiste, avec des propositions qui veulent concilier réponse aux besoins humains et écologie. Sur chacun des dossiers évoqués, ils s’attachent à fournir de nombreuses informations et faits, pas toujours connus largement. Un livre qui aide au débat citoyen.
Une sérigraphie de Bernard Moninot pour soutenir les Editions Manifeste !
N’hésitez pas à vous la procurer !
L’artiste Bernard Moninot a décidé de nous prêter main-forte en réalisant une sérigraphie à 90 exemplaires signés, numérotés et relevés à la main par l’artiste
de façon à ce que chaque exemplaire soit différent. Lire la suite
René de Ceccatty nous parle de "Descriptions de descriptions" de Pasolini !
Présentation de "Dessins animés" d'Elsa Triolet
Le Merle moqueur
WPM France
Festival Voix Vives 2020 : Francis Combes
150 ans de la Commune
Les Editions Manifeste ! au Père Lachaise
Lancement du livre « Marx à Paris » de Michael Löwy et
Olivier Besancenot
Retrouvez-nous sur Facebook